Contexte historique de la notion ]
La notion de chômage est intrinsèquement liée à l’idée de
salariat, c’est-à-dire d’un contrat entre un travailleur et un
employeur. Est chômeur l’individu qui souhaite vendre sa force de travail à un autre individu mais ne trouve pas preneur aux conditions qu’il exige. Or si le travail salarié s’est désormais imposé dans les sociétés occidentales contemporaines, il reste une réalité historique, fruit d’une évolution du système économique.
Jusqu’à la fin du
XIXe siècle, l’activité économique des individus est partagée entre le travail rural, à domicile et indépendant, et le travail salarié en usine. Nombre de personnes cumulent les deux types d’activité et les paysans s’adonnant à une production agricole dans une optique d’
autoconsommation restent longtemps nombreux
[1]. Il existe déjà des formes de sous-emploi : saisonnier dans le cas du secteur agricole ou conjoncturel à l’occasion des ralentissements d’activité. Il est toutefois difficile de parler de chômage dans un contexte économique où le rapport salarial reste une exception.
Des historiens de l’économie ont souligné que le chômage était finalement une invention de la fin du
XIXe siècle allant de pair avec la constitution de la classe prolétaire urbaine. C’est à cette époque que « la frontière travail/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme telle, d’autant qu’elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d’habitat
[2]. ».
Les différentes définitions statistiques []
Dans de nombreux pays, la statistique du chômage connaît la cohabitation d’une définition internationale proposée par le
Bureau international du travail (BIT) et de définitions locales propres aux organismes nationaux.
Selon le BIT, est chômeur toute personne (de plus de 15 ans) qui remplit les critères suivants
[3] :
- « être sans travail », c’est-à-dire ne pas avoir d’activité, même minimale, pendant la semaine de référence ;
- « être disponible pour travailler », c’est-à-dire être en mesure d’accepter toute opportunité d’emploi qui se présente dans les quinze jours, sans qu’une tierce obligation soit une entrave au retour à l’activité ;
- « rechercher activement un emploi, ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement ».
taux de chômage =chômeurs au sens du BIT
population activePour être chômeur selon le système statistique européen
Eurostat, il faut avoir été sans travail durant la semaine de référence (soit moins d’une heure hebdomadaire d’activité) et avoir fait des démarches spécifiques en vue de retrouver un emploi, sans forcément s’être déclaré comme chômeur auprès de l’administration.
Aux
États-Unis, le
Bureau of Labor Statistics compte comme chômeurs les personnes n’ayant pas d’emploi, en ayant cherché un activement durant les 4 semaines passées, et disponibles pour travailler
[4].
Limites de l’outil statistique ]
Selon les pays, l’
économie informelle (dite « noire » ou « grise ») génère des actifs non déclarés qui peuvent être par ailleurs comptabilisés comme chômeurs (pour permettre le cumul allocations-salaires).
Il est également difficile de comparer les chiffres de périodes différentes, car la définition elle-même a évolué considérablement dans le temps. Il est donc très délicat de comparer le taux de chômage dans le temps.
Il faut noter également que la population des actifs occupés est en augmentation dans la plupart des pays. Ainsi, en France par exemple
[5], il y avait 19,9 millions d'actifs occupés en 1960, 23,4 millions en 1980, et 26,7 millions en 2000, une augmentation absolue deux fois plus importante que celle du nombre de chômeurs (négligeable en 1960, 1,8 millions en 1980, 3 millions en 2000).
Enfin, le numérateur comme le dénominateur du ratio utilisé pour calculer le taux de chômage sont contestables. D'une part le taux de chômage est rapporté à la population active totale, tandis que dans certains pays comme la France, seuls les actifs du privé sont exposés au risque de chômage. D'autre part le nombre de chômeurs recensés ne donne qu'une image partielle de la précarité vis-à-vis de l'emploi, car il n'inclut pas les emplois précaires, le temps partiel subi et les préretraites, qui peuvent être considérés comme étant du chômage déguisé et non-comptabilisé. En comptabilisant ces éléments, le site « éclairages économiques » obtient pour la France un « taux de chômage effectif » de 27,6% de la population active du secteur privé
[6].